Reflections from Picasso
Jocelyn Joe-Strack est une scientifique des Premières Nations Champagne et Aishihik. Au cours du mois de février 2019, elle a entamé une tournée de conférences dans les ambassades canadiennes en Europe afin de partager son point de vue autochtone sur le changement climatique avec des diplomates de haut rang, des universitaires, des jeunes et le public. Elle est boursière de 2012 du Programme de la Bourse nordique Jane Glassco.
Le premier de mes engagements de conférencière a commencé cette semaine en Espagne. L’inspiration est partout autour de nous. C’est une bonne chose, car j’ai peaufiné mon message. Je n’ai pas de solution magique au changement climatique à partir des leçons de mon peuple – et je ne pense pas que ce soit le but de ces présentations.
Je souhaite plutôt trouver un terrain d’entente dans chacun des pays que je visite en écoutant, en apprenant et en partageant.
Il y a quelques jours, nous avons visité le musée Picasso dans la belle ville portuaire espagnole de Malaga. L’art de Señor Picasso était intriguant, mais ce sont ses citations que j’ai trouvées les plus intéressantes.
Dans l’une d’elles, il explique que, lorsqu’il peint, c’est comme s’il était en voyage pour découvrir ce que la peinture deviendra. Comme il l’a dit un jour : « Je commence par une idée, puis elle devient autre chose ».
Lorsque Picasso peignait de l’abstrait, il ne pouvait comprendre les formes telles qu’elles se présentaient à ce moment-là que grâce à son étude approfondie et la peinture finale était une représentation de l’esprit et du pouvoir que l’objet détenait au-delà de la vue immédiate.
C’est ainsi que se présente mon message. J’ai été invitée en Europe et je suis arrivée avec une idée qui, je crois, évoluera vers quelque chose d’autre. Comme Picasso, je suis dans une quête pour essayer de réaliser et d’approfondir la compréhension de l’un de nos plus grands défis – le retour de l’humanité à l’harmonie avec la Terre.
Je suis venue en Europe pour partager les leçons de mon peuple, comme la façon dont nous dépendons intrinsèquement de notre terre, de notre langue et de notre culture pour guérir des traumatismes historiques et de leurs impacts durables. En nous reconnectant à nos modes de connaissance originaux, nous devenons forts et enracinés. Nous visons à nous enraciner dans « Dän k’e – Notre voie ».
Essentiellement, ce à quoi nous travaillons, c’est le bien-être et le respect de nos obligations envers la Terre. L’objectif de ma communauté est de revenir à un mode de vie qui respecte la Terre, qui met fin au mal que nous lui infligeons et qui met fin à notre contribution au changement climatique.
Nous y parviendrons en devenant mentalement, spirituellement, physiquement et émotionnellement sains. Les humains sont les premiers gardiens de la Terre et aujourd’hui, nous sommes malades. Nous souffrons de dépression, d’anxiété et de stress. Nous souffrons d’obésité, de cancer et d’accidents vasculaires cérébraux. Nous n’avons pas de but et nous ne sommes plus capables de prendre soin de nous-mêmes.
Nous avons créé cette situation par notre ambition de prospérité économique. En tant qu’humains, nous ne pouvons pas prendre soin de la Terre dans cet état – et nous ne l’avons pas fait. La Terre est aussi malade que nous le sommes. Nous DEVONS être le meilleur de nous-mêmes afin de remplir notre obligation inhérente en tant que gardiens de la Terre.
Mon message est que le bien-être est un moyen de retrouver l’harmonie. Je crois qu’un chemin vers le mieux-vivre afin de prendre soin de la Terre commence par le rééquilibrage de trois valeurs fondamentales :
- Intégrité – notre besoin de guérir et de rééquilibrer notre sens du bien et du mal;
- Épanouissement – notre besoin de devenir capable et de réduire notre dépendance à la commodité et au consumérisme ; et,
- Unité – notre besoin de faire cela en tant qu’humanité engagée ensemble. Nous devons écouter les peuples autochtones du monde entier. Nous devons écouter les jeunes qui hériteront des conséquences de nos choix. Nous devons changer.
C’est un moment passionnant pour partager ce message. J’ai suivi le mouvement des jeunes ici en Europe, et bientôt dans d’autres parties du monde.
Les jeunes étudiants, inspirés par la détermination de Greta Thunberg, exigent des changements pour assurer un monde meilleur à leur avenir. Je les soutiens pleinement. J’espère pouvoir marcher avec eux!
Dans les années 1970, mes dirigeants sont allés voir notre Premier ministre avec un document intitulé « Ensemble aujourd’hui pour nos enfants demain ». Nous avons vécu et marché en veillant à ce que nos actions d’aujourd’hui conduisent à un meilleur lendemain pour les générations à venir. Nous avons toujours honoré notre jeunesse, notre avenir – c’est la voie des autochtones.
Ici, en Espagne, ma première présentation était destinée au programme de maîtrise en action de solidarité internationale et inclusion sociale de l’université Carlos III. Ils étudient la détresse humaine, comme la solidarité envers les réfugiés et les survivants de conflits.
Ensuite, j’ai fait une présentation à Fuhem Ecosocial, une organisation qui offre un espace de réflexion, de rencontre et de débat qui analyse les tendances et les changements profonds qui façonnent notre époque depuis une perspective critique et transdisciplinaire.
Mercredi, j’ai parlé à des étudiants de premier cycle en philosophie de l’Universidad Autónoma de Madrid, qui étudient la philosophie verte et la durabilité.
J’aborde chaque conférence comme un chercheur. Mon objectif n’est pas de faire la leçon mais d’explorer la notion de prospérité avec mon public. Comment pouvons-nous travailler ensemble à un avenir meilleur ? Comment la société peut-elle défendre les valeurs d’intégrité, d’épanouissement et d’unité ?
Je crois qu’il y a des forces dans chaque culture à encourager et j’espère donner le meilleur de moi-même et inspirer le meilleur des gens pour que nous puissions avancer ensemble en tant qu’humanité plus forte. Souhaitez-moi de l’empathie, de l’éloquence et de la conviction. Gwä̀naschis.
Jocelyn Joe-Strack est une scientifique des Premières nations Champagne et Aishihik. Elle est boursière de 2012 du Programme de la Bourse nordique Jane Glassco.
Au cours du mois de février 2019, elle a entamé une tournée de conférences dans les ambassades canadiennes en Europe afin de partager son point de vue autochtone sur le changement climatique avec des diplomates de haut rang, des universitaires, des jeunes et le public. On peut la suivre dans ses voyages sur Twitter @GlasscoFellows ou @jocelynjs ou en s’abonnant à l’infolettre de la Gordon Foundation pour obtenir des mises à jour.
Blogue 1: Une invitation en Europe
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Blogue 5: Réconciliation autochtone
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