Blog 7_Standing with the youth in Stuttgart

Jocelyn Joe-Strack is a Champagne and Aishihik First Nations scientist. During the month of February, she is embarking on a speaking tour of Canadian embassies in Europe to sharing her Indigenous perspective on Climate Change with senior diplomats, academics, youth and the public. She is a 2012 Alumna of the Jane Glassco Northern Fellowship program.


Tout au long de ce voyage, j’ai rencontré de nombreuses personnes. J’ai entendu des points de vue différents sur l’énigme sociétale actuelle, à savoir comment faire progresser la civilisation tout en protégeant la Terre. Mais aucun groupe n’a eu plus d’impact sur ma vérité que le temps passé avec la jeunesse allemande.

Le vendredi 22 février, j’ai défilé pour #FridayforFuture à Stuttgart, en Allemagne. Je me tenais avec les jeunes, mais dans l’ensemble, j’étais là pour les soutenir et les appuyer. Quelle puissance l’espoir et la croyance – j’étais émue. Ma réaction m’a surprise. Je ne me serais pas attendu à avoir des larmes en écoutant la passion exprimée en allemand. Mes émotions m’ont signalé l’importance de cette expérience, même si je ne pouvais pas la comprendre pleinement à ce moment-là.

Debout avec les jeunes à Stuttgart, en Allemagne #FridayforFuture

Des jeunes de toute l’Europe, et maintenant du monde entier, ont fait l’école buissonnière les vendredis pour exiger que des mesures soient prises pour lutter contre le changement climatique. Ils sont inspirés par Greta Thunberg, la jeune femme de Stockholm qui a déclenché un mouvement exhortant les gouvernements à s’engager davantage dans la lutte contre le changement climatique. Ses discours sont directs et véridiques. Les jeunes se demandent pourquoi ils étudient s’il n’y a pas d’avenir à étudier? Pourquoi s’instruire si les politiciens n’écoutent pas les personnes instruites?

Le mardi suivant, j’ai eu l’immense privilège de passer une heure et demie avec 80 élèves de 11e année de Berlin. J’ai commencé par parler du Yukon, de mon peuple et du but de mon voyage en Europe.

Je leur ai ensuite donné une heure pour coudre un petit sac pour une personne qu’ils aiment. Le résultat était indescriptible. Chaque élève a fabriqué un sac. J’ai apporté du cuir d’orignal et des boutons d’ormeau du Yukon et chaque élève les a utilisés différemment. Ils ont fabriqué des portefeuilles, des étuis à flûte, des sacs pour les mamans, les sœurs, les papas, les petits amis et les grands-parents.

Leurs professeurs ont demandé : « Pourquoi Jocelyn vous demande-t-elle de faire quelque chose avec vos mains pour lutter contre le changement climatique? » Au début, je craignais que leurs enseignants pensent que je leur donnais une heure de bricolage, et non une leçon de vie. Mais la leçon était l’accomplissement de la créativité, de la productivité et de l’amour.

Pendant qu’ils travaillaient, nous leur avons passé le micro et ils ont partagé des sentiments tels que :

  • C’est une toute nouvelle perspective sur le changement climatique ; je n’ai jamais pensé à la façon dont mes actes en tant qu’individu peuvent contribuer à réduire l’impact sur la Terre;
  • C’est bon de passer du temps autour d’une table avec mes amis sans nos téléphones portables;
  • Ma mère sera étonnée que j’aie fait ça;
  • Il est intéressant de réfléchir au fait que le changement climatique est plus qu’un problème scientifique – c’est un problème humain.

Ils ont parfaitement compris ce que je faisais. J’étais radieuse pendant tout ce temps.

Des élèves de 11e année de Berlin créent des sacs pour une personne qu’ils aiment et apprennent les leçons de nos ancêtres : la productivité et l’épanouissement peuvent rééquilibrer notre attention pour la Terre et réduire notre contribution au changement climatique.

J’ai modelé cette leçon sur les cérémonies de passage à l’âge adulte de mon peuple, au cours desquelles une jeune fille, lors de sa première lune, passe une à quatre semaines isolée dans une petite tente. Sa famille lui apporte toute sa couture – et elle coud et coud. Sa mère, ses tantes et ses grands-mères lui rendent visite, racontent des histoires et apportent de la nourriture. Enfin, elle retourne à un potlatch célébrant sa transition vers le statut de femme.

Cette leçon était ma façon de donner aux élèves allemands le temps de reconnaître que leur capacité en tant qu’être humain va bien au-delà de leur capacité à gagner de l’argent. Il y a un grand avantage à faire quelque chose soi-même, au lieu d’échanger de l’argent. Cela permet l’épanouissement, la productivité, la créativité et la valorisation de soi. Offrir un sac que vous avez fabriqué est bien plus significatif que tout ce que vous pouvez acheter, car ce petit sac en feutre contient un peu de votre être et de votre amour.

Même les garçons ont mis des cœurs (littéralement des petits cœurs en feutre) sur leur projets pour leur mère. C’était incroyablement touchant. La plupart n’avaient jamais cousu auparavant, mais ils l’ont tous fait.

Je souris en pensant à eux en train d’offrir leurs créations. J’ai l’impression de leur avoir donné plus que n’importe quelle conférence sur les difficultés rencontrées par les Premières Nations du Yukon face au changement climatique. Il s’agissait d’une leçon de nos ancêtres, que la vie peut être plus, que vous pouvez faire face au changement climatique en demandant une meilleure vie que celle que la société vous impose.

Notre civilisation alimente le changement climatique et la souffrance de la Terre en éduquant nos enfants pour qu’ils servent notre société en entrant sur le marché du travail en tant qu’expéditeurs de courriels et producteurs de connaissances. On leur apprend que la seule façon de faire face au changement climatique est de devenir un scientifique ou un politicien.

Je suis une scientifique et je pense que je fais beaucoup, beaucoup plus pour guérir la Terre en partageant mon cœur qu’en travaillant sur un fichier Excel.

La vie, l’amour, la famille, les moments, la présence, l’air, le calme, la paix, l’espoir, le but, l’identité, l’humanité. J’espère que c’est ce qu’ils ont retenu. C’est ce dont notre civilisation a besoin.

Est-ce de là qu’est venue mon émotion en étant debout dans l’air frais du printemps avec les jeunes de Stuttgart lors du #FridayforFuture ?

J’ai pensé à une vidéo que nos jeunes ont réalisée dans le cadre du projet d’aménagement du territoire de Champagne et Aishihik : Pourquoi notre culture est importante”. Dans la vidéo, les jeunes disent : « Nos enfants ont besoin de cette terre pour survivre. »

Je me demande si mon émotion n’était pas en partie due à un peu de tristesse? Tout au long de mon parcours, j’ai longuement réfléchi à la manière dont les citadins peuvent obtenir un peu de la paix qu’offre la connexion avec la nature. Et tandis que ces jeunes gens se battaient pour leur avenir, j’étais intensément fière, mais aussi très incertaine.

Ce qu’ils demandent va bien au-delà de la réduction des émissions : il s’agit d’un avenir connecté, où les gens vivent des vies qui ont du sens et sont plus qu’un simple rouage du PIB.

Ils chantaient pour le bonheur. C’est peut-être le but de ma nouvelle vie! Äyet! Mon peuple a maintenu un lien fort et enraciné avec la nature et ce lien nous apporte la paix, la clarté, la plénitude et la sagesse qui, selon moi, sont très difficiles à atteindre lorsqu’on est bousculé par la ville. Comment peut-on avoir de la présence en tant que citadin? Ou est-ce que ce sont nos jungles de béton qui ont besoin d’être désamorcées? Travaillons-nous dans la mauvaise direction? Tant de choses à contempler.

En tant que mère, je souhaite seulement offrir le meilleur de moi-même à mes enfants et à mes petits-enfants. En tant que mère autochtone, j’espère étendre cette aspiration à toutes les générations à venir dans le monde entier. En tant qu’être humain, je crois qu’ensemble, avec un peu plus de cœur pour orienter nos décisions, nous pouvons créer une meilleure prospérité pour demain.


Jocelyn Joe-Strack est une scientifique des Premières nations Champagne et Aishihik. Elle est boursière de 2012 du Programme de la Bourse nordique Jane Glassco.

Au cours du mois de février 2019, elle a entamé une tournée de conférences dans les ambassades canadiennes en Europe afin de partager son point de vue autochtone sur le changement climatique avec des diplomates de haut rang, des universitaires, des jeunes et le public. On peut la suivre dans ses voyages sur Twitter @GlasscoFellows ou @jocelynjs ou en s’abonnant à l’infolettre de la Gordon Foundation pour obtenir des mises à jour.

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