Cet article fait partie d’une série de blogues illustrant comment les données sur l’eau sont utilisées pour protéger l’eau douce.
En juillet 2022, des membres de la communauté se sont réunis à Eel Ground, au Nouveau-Brunswick pour un cours intensif sur l’étalonnage des sondes multiparamètres et la collecte d’insectes aquatiques. Il s’agissait de l’un des boot camp d’ Atlantic Water Network (AWN) inspiré par les connaissances de DataStream.
Depuis près de vingt ans, le réseau aide plus d’une centaine d’organismes de surveillance de l’eau du Canada atlantique à suivre la santé de leurs bassins versants. Aujourd’hui, ils ciblent leur soutien de manière encore plus stratégique, grâce à Atlantic DataStream.
AWN est un leader régional du carrefour de partage de données depuis son lancement en 2018. « Nos communautés se sont réellement investies et ont tout de suite vu la valeur de la plateforme », explique Laura Chandler, gestionnaire de programme d’AWN. Jusqu’à ici, la plateforme a enregistré plus de cinq millions de mesures uniques dans la région. Mais il y a des lacunes.
Repérage des déficiences en matière de données
En 2019, AWN a entrepris une « analyse de suffisance », en explorant à fond les données sur Atlantic DataStream pour repérer les bassins où il manque des données à l’échelle locale. « C’est un peu différent de simplement examiner une carte et voir où sont les groupes de données, » explique Laura. « Nous avons tenté de déterminer ce que ça signifie d’avoir des données suffisantes sur la qualité de l’eau. »
Grâce à des consultations approfondies avec les membres du réseau et à d’innombrables heures passées devant son ordinateur, Laura Chandler a créé un outil qui permet d’ajuster la quantité de données considérées suffisantes, en fonction du contexte local. Dans certaines régions, cela peut signifier surveiller 10 paramètres différents six fois par an. Ailleurs, il s’agira simplement de suivre les températures estivales.
Les cartes qui en résultent accentuent les bassins versants qui sont riches en données, en général grâce à des efforts systématiques de surveillance communautaires financés et coordonnés. De plus, des décennies de données de surveillance gouvernementales devenues ouvertes et accessibles sur DataStream ont contribué à ces bassins versants riches en données. Les cartes indiquent aussi les zones où les données sont plus éparses, souvent en raison d’un financement à court terme, basé sur des projets, qui rend les efforts cohérents plus difficiles.
Carte de data suffisance.
Ce travail a été inspiré par les rapports sur les bassins versants du WWF-Canada, qui ont révélé que 6 des 13 sous-bassins versants du Canada atlantique ne disposaient pas des données nécessaires pour attribuer un indice de santé de la qualité de l’eau. Les cartes d’AWN complémentent les rapports sur les bassins versants, en ajoutant le contexte local de surveillance et en zoomant au niveau régional ou local.
AWN a aussi constaté que certaines zones n’avaient que de peu ou pas de données suffisantes. Dans les zones rurales et isolées, cela n’est pas étonnant. Mais cette étude approfondie a aussi révélé des lacunes dans des régions comme le Cap Breton en Nouvelle-Écosse et le nord du Nouveau-Brunswick, où les groupes environnementaux locaux font un travail remarquable. Laura a donc lancé d’autres consultations afin d’évaluer les capacités locales dans ces zones « insuffisantes ».
Dans certaines d’entre elles, elle a trouvé des groupes qui effectuaient une surveillance de l’eau. Mais comme ils n’étaient pas reliés à DataStream, leurs données n’étaient pas partagées à plus grande échelle. Ailleurs, des groupes de propriétaires de chalets et des organisations environnementales étaient intéressés à faire un suivi de la qualité de l’eau, mais ne savaient pas comment s’y prendre.
Boot camp à Miramichi. Photo de Atlantic Water Network.
Fournir un soutien fondé sur les données
Grâce à ces renseignements, AWN a ciblé ses activités de sensibilisation et de programmation là où le besoin s’en faisait le plus sentir.
Ils ont commencé par les groupes de surveillance de l’eau existants, en leur offrant un soutien individuel pour qu’ils se familiarisent avec la plateforme DataStream. Pour les groupes qui ne font pas encore de surveillance, AWN a mis en place des banques d’équipement régionales qui prêtent gratuitement des trousses de test d’eau et des sondes multiparamètres. Ils ont aussi fourni une formation pratique sur le terrain avec des boot camp comme celui d’Eel Ground.
Laura sait que le renforcement des capacités prend du temps. Mais elle est inspirée par le nombre croissant de bénévoles en bottes de caoutchouc et de membres de la communauté qui s’engagent à surveiller la santé de leurs rivières et de leurs lacs.
« J’adore nos communautés », dit-elle. « Voir à quel point ils sont passionnés me donne encore plus envie de les soutenir. »