Réflexions sur une simulation de traité
La deuxième simulation de négociation et de mise en œuvre de traité nationale de la Gordon Foundation a eu lieu à Gatineau les 9 et 10 février 2020. Guidés par des experts en traités modernes, plus de 40 participants représentant 20 communautés autochtones de la Colombie-Britannique, du Québec, des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut ont à tour de rôle représenté les négociateurs d’un gouvernement ou d’une organisation autochtone et des gouvernements fédéraux ou territoriaux/provinciaux.
Deux participants ont ensuite parlé de leur expérience de simulation à la conférence de la Coalition pour l’accord sur les revendications territoriales (LCAC) Des extraits édités de leurs discours sont présentés ci-dessous.
Riane Peterson est Tetlit Gwich’in de Fort Mcpherson, Territoires du Nord-Ouest.
Je suis une participante ou bénéficiaire de l’accord de revendication territoriale globale Gwich’in. J’ai déménagé loin de ma communauté natale à un jeune âge, alors je n’ai pas suivi de cours de Gwich’in. Je n’ai jamais appris ma langue. Je n’étais plus immergée dans ma culture.
J’ai entrepris un voyage spirituel ces trois dernières années, pour me trouver et trouver Dieu, et c’est le moment idéal pour moi de renouer avec ma culture, car je sais que notre culture est la véritable essence de ce que nous sommes en tant que personnes autochtones. Je veux remercier la Gordon Foundation pour avoir allumé ce feu en moi et m’avoir donné l’inspiration dont j’avais besoin.
Avec une quarantaine de jeunes, nous avons tous participé à une simulation de négociations et de mise en œuvre. Le premier jour était un défi, il était difficile de démarrer, mais le deuxième jour, nous étions plus à l’aise. J’ai été personnellement inspirée par tant de jeunes et j’ai été très reconnaissante que les experts soient là pour nous soutenir.
Nous comprenions la politique et les rôles, nous comprenions les acteurs du jeu. Nous avons tous grandi au cours du week-end, nous avons tous acquis de la confiance dans nos rôles.
Nous avons dû négocier et mettre en œuvre un traité en deux jours – nous savons tous que cela prend des années et beaucoup de patience et de va-et-vient. C’était intéressant de voir cela, même si nous savions que c’était une simulation, nous avons ressenti de l’émotion dans nos rôles. Je pouvais aussi voir que les experts ont pris du plaisir avec les discussions!
Ce fut une expérience unique ; nous avons noué des alliances dans tout le Canada et nous comprenons maintenant les différents cadres de gouvernement. Nous savons maintenant pourquoi les gens y consacrent leur vie entière. J’ai pu passer quelques jours avec les futurs leaders de ce pays – ils assumeront les rôles que Dave [Joe], Frank [Dragon] et Ethel [Blondin-Andrew] nous transmettront un jour. Je tiens à remercier les experts qui consacrent leur vie à ce travail.
Laura Dragon est de la nation Gwich’in dans les Territoires du Nord-Ouest et représentait la première nation Ka:’yu :’k’t’h’/Che:k’tles7et’h’ lors de la simulation de traité.
J’ai grandi à Vancouver; je n’ai jamais été élevée dans mon territoire ou ma terre traditionnelle. Je ne savais pas vraiment comment me situer par rapport aux autres jeunes présents à la simulation qui venaient du Yukon, du Nunavut ou des Territoires du Nord-Ouest.
En écoutant tout le monde parler et en comprenant pourquoi ils étaient venus, j’ai compris que je devais en faire plus pour m’informer sur les traditions et les négociations de traités modernes. C’est quelque chose que j’ai appris de la simulation.
Mon expérience au cours de la simulation a été à la fois passionnante et épuisante. Épuisante parce que lire une lettre de mandat et trouver des points à négocier et à proposer prend beaucoup de temps et, quand on ne dispose que d’une heure, ce n’est ni idéal ni réaliste. Mais c’est là tout l’intérêt d’une simulation.
Même si c’est essentiellement un jeu, il était intéressant de constater que personne ne voulait être du côté du gouvernement fédéral! J’ai appris que pour que toutes les parties obtiennent ce qu’elles veulent, il faut établir des relations. Il est plus facile d’obtenir ce que l’on veut si l’on prend le temps de comprendre le point de vue de chacun et d’avoir l’esprit ouvert, mais aussi de rester fidèle à ses convictions et à sa raison d’être.
La simulation m’a permis de découvrir en profondeur ce que font nos dirigeants et la quantité de travail nécessaire pour défendre nos droits en tant que communautés autochtones. Mon expérience m’a beaucoup ouvert les yeux.
J’avais très peu de connaissances préalables, mais j’étais très intéressée par ce type de travail. Je me rends compte maintenant de l’importance de la simulation et de son caractère éducatif, notamment en faisant participer des jeunes, quelqu’un comme moi qui a maintenant une meilleure compréhension. La simulation et la conférence du LCAC ont alimenté mon désir d’apprendre, afin qu’un jour je puisse moi-même faire partie de cet incroyable processus.
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