Lake Winnipeg Watershed Map

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Un second souffle : la technologie de la chaîne de blocs met à la disposition de toute personne où qu’elle se trouve des informations en libre accès afin d’obtenir une image claire de la santé de l’eau douce

Cet article a été publié à l’origine dans Hill Times le 15 avril 2019.

Pour la plupart des gens, des termes comme « chaîne de blocs » et « données ouvertes » ne sont probablement que des mots à la mode réservés à la Silicon Valley et aux crypto-monnaies. Mais pour les millions de Canadiens qui vivent dans et autour du bassin versant du Lac Winnipeg, ces termes changeront la manière dont les décisions sont prises.

Bien que le lac Winnipeg ne soit que le sixième plus grand lac d’eau douce du Canada, son bassin abrite sept millions de personnes réparties dans quatre provinces canadiennes et quatre États américains.

Le bassin du lac Winnipeg illustre une question fondamentale à laquelle est confrontée la gouvernance de l’eau au Canada aujourd’hui : comment les collectivités canadiennes peuvent-elles prendre des décisions efficaces et fondées sur des données probantes concernant notre eau douce lorsque nos bassins versants sont si diversifiés géographiquement et s’étendent sur plusieurs juridictions?

C’est ici que les mots à la mode se transforment en actions. Et si la technologie innovante de la chaîne de blocs pouvait être utilisée pour gérer et aider à résoudre certains des problèmes d’eau douce les plus complexes de notre pays?

Jusqu’à récemment, il n’existait pas de carrefour central d’informations sur la santé des bassins versants locaux accessible au public, aux chercheurs ou aux gouvernements. Les organisations faisaient leur propre surveillance et leurs recherches tandis que les gouvernements faisaient les leurs. Trop souvent, les données sont gérées de manière à rendre la collaboration difficile et coûteuse.

Pendant ce temps, les Canadiens bien souvent ne voient pas les résultats. Mais cela peut changer.

La Gordon Foundation, en collaboration avec nos partenaires, a développé une plateforme de données ouvertes en ligne, DataStream, afin de rassembler en un seul endroit des informations sur les rivières, les lacs et les terres humides locales, afin que chacun, où qu’il soit, puisse se faire une idée plus précise de la santé des eaux douces. Ces données en libre accès constituent une base solide pour des décisions et des politiques éclairées. Les utilisateurs peuvent accéder à des ensembles complets de données sur la qualité des eaux recueillies sur des milliers de sites de surveillance dans des régions centrales du Canada, les stocker et les partager, le tout grâce à cette puissante plateforme.

Nous avons commencé dans le bassin du fleuve Mackenzie en partenariat avec le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Ce succès a mené au lancement de Atlantic DataStream en 2018 avec Atlantic Water Network. Notre troisième carrefour depuis le lancement en 2016 est arrivé en ligne la semaine dernière : Lake Winnipeg DataStream, qui est déployé au niveau régional en collaboration avec la Lake Winnipeg Foundation.

Tirant parti de la technologie de la chaîne de blocs, DataStream offre un niveau de sécurité et de transparence qui n’existe dans aucun autre système connu de gestion des données sur l’eau au Canada. Une « empreinte numérique » permet aux utilisateurs de suivre et de vérifier de manière indépendante toute modification apportée aux ensembles de données au fil du temps et donne l’assurance que les données sont authentiques. Cinquante organisations ont rendu leurs données ouvertement accessibles et, plus important encore, cela inclut des intervenants de la base jusqu’aux niveaux provincial et fédéral. Notre mission est de promouvoir le partage des connaissances entre les bassins versants et de faire progresser la prise de décisions concertée, afin que nos ressources en eau demeurent saines pour les générations à venir.

Aujourd’hui, DataStream est bien plus qu’un élément de technologie. Il s’agit d’une initiative globale, suivie par un groupe passionné de militants de l’eau à travers le Canada qui cherchent à traduire les données en actions.

Comme l’indique le rapport intitulé A Snapshot of Community Based Water Monitoring in Canada, des initiatives telles que DataStream « comblent les lacunes en matière d’information » tout en « suivant des protocoles rigoureux sur le plan scientifique, en faisant analyser leurs données par des scientifiques professionnels et en répondant à diverses préoccupations communautaires liées à la santé des ressources en eau douce ». DataStream est un second souffle.

Pour les Premières nations comme la Première nation crie Mikisew qui s’intéressent à l’évolution de la qualité de l’eau au-delà des frontières juridictionnelles, Mackenzie DataStream réduit considérablement les coûts initiaux de recherche et de normalisation des ensembles de données. Entre-temps, dans le Canada atlantique, un réseau d’organismes de surveillance de l’eau très actifs dispose désormais de l’infrastructure de données nécessaire pour comparer leurs observations, harmoniser leurs efforts et collaborer efficacement entre les bassins versants. Les données peuvent également être utilisées de plusieurs façons lorsqu’il s’agit d’évaluer les nouveaux projets d’infrastructure, petits et grands. Ce ne sont là que quelques exemples qui ouvrent un monde de possibilités et mettent le pouvoir entre les mains des gens (de l’eau). Avec le lancement de Lake Winnipeg DataStream, nous avons hâte de voir comment cela aidera à activer les données recueillies dans ce bassin.

DataStream répond à un besoin important en matière de gestion des données sur l’eau douce, pour lequel la Gordon Foundation est fière de jouer un rôle de premier plan au niveau national. Des milliers de Canadiens utilisent déjà DataStream, qui contient maintenant plus d’un million d’observations uniques. Compte tenu de la situation dans laquelle se trouvait notre pays en matière de gestion des données sur la santé de l’eau il y a seulement deux ans, nous avons fait beaucoup de chemin. Grâce à la technologie de la chaîne de blocs et aux partenaires communautaires, nous veillerons à ce que les perturbations novatrices qui améliorent notre pays ne s’appliquent pas uniquement aux programmeurs de la Silicon Valley.

Carolyn DuBois est directrice, Programme des eaux à la Gordon Foundation où elle travaille avec des partenaires de tous les secteurs du Nord du Canada.