Drum

En préparation de mes voyages : Deuxième partie. Prendre le temps de réfléchir


Jocelyn Joe-Strack est une scientifique des Premières Nations Champagne et Aishihik. Au cours du mois de février 2019, elle a entamé une tournée de conférences dans les ambassades canadiennes en Europe afin de partager son point de vue autochtone sur le changement climatique avec des diplomates de haut rang, des universitaires, des jeunes et le public. Elle est boursière de 2012 du Programme de la Bourse nordique Jane Glassco.


J’ai récemment consacré beaucoup d’efforts à la préparation de mon voyage en Europe et à la réflexion sur les messages que j’aimerais partager. J’ai passé du temps dans la forêt, à lire les histoires de mes ancêtres, à parler avec mon peuple, à me tenir au courant des nouvelles, à rester active, à bien manger et, en général, à essayer de reconnaître tout mon être.

Dans la culture de ma Première Nation, nous formons nos enfants à prendre soin de leur bien-être physique, mental, spirituel et émotionnel. Une partie de notre culture originale consistait à s’assurer que nos corps, nos esprits, nos cœurs et nos âmes étaient forts. De nos jours, nous consacrons tellement de temps à notre esprit que nous oublions souvent, ou sous-estimons, les trois autres parties de notre être.

Une chose que j’ai faite est de m’entraîner à chanter. Une partie du message que je partage pendant mon séjour en Europe concerne le besoin de bien-être émotionnel. L’une des façons d’atteindre une âme est le chant.

Pour mon peuple, nos chansons nous aident à nous ouvrir à l’esprit. Lorsque vous utilisez des mots avec émotion, vous pouvez ressentir les ancêtres. Vous pouvez parler à Sua – qui signifie oiseau, mais aussi asua, petit oiseau, le terme affectueux que nous utilisons pour désigner Grand-Mère.

Pour renforcer ma reconnexion avec le chant, l’émotion et l’esprit, j’ai peint mon tambour. Ma mère, Jane Strack, m’a appris à peindre. Elle est décédée quand j’avais 26 ans. C’était une femme aimable. Elle était enseignante dans une école primaire et cherchait sans cesse à comprendre les autres. Elle avait une grande empathie. Nous avions l’habitude de peindre ensemble à chaque Nouvel An – aujourd’hui encore, je peins le soir. Pendant deux nuits de préparation, j’ai veillé jusqu’à 4 heures et 2 heures du matin pour terminer mon Wolf Drum.

Tambour Agunda (clan du loup). Peint par Jocelyn Joe-Strack à l’aide de stylos de couleur et de peintures acryliques.

Je suis membre de l’Agunda (clan du loup). En dansant – et en portant n’importe quel vêtement – on ne peut porter que les symboles de son clan. Notre système de clans est issu du peuple Tlingit de la côte. Ils ont six clans : Épaulard, Loup, Castor, Corneille, Corbeau, et Grenouille.

Mon peuple est né lorsque les groupes du clan du corbeau et du loup ont quitté leur famille côtière et se sont déplacés vers l’intérieur des terres. Ils ont maintenu des liens commerciaux, où la plupart des Dän (peuple tutchone) pouvaient parler à la fois le tlingit et le tutchone. Aujourd’hui, les Tutchone du Sud et du Nord sont soit des Loups, soit des Corbeaux et nous maintenons des liens étroits avec nos parents de la côte.

Je pense que le tambour représente une évolution de la culture, où j’applique des techniques et un design issus de mes enseignements traditionnels et contemporains. C’est ce que mon peuple s’efforce de faire. Nous avons adopté nos modes de vie contemporains, nous sommes dépendants de nos véhicules, du chauffage et des maisons isolées. Nous avons également conservé nos fondements spirituels, tels que nos potlatchs et nos chants, sur lesquels nous comptons pour notre bien-être et notre guérison. Nous sommes en position de choisir ce qui peut nous faire avancer vers le meilleur de nous-mêmes et ce qui nous empêche d’avancer ou continue à nous paralyser.

Mon peuple entreprend activement cet exercice alors que nous cherchons à surmonter nos traumatismes passés.

Dernièrement, j’ai réfléchi à la façon dont les différentes sociétés pourraient bénéficier d’un regard honnête sur elles-mêmes afin de considérer leurs forces et leurs vices. Souvent, ce sont nos vices – le consumérisme, la commodité et la cupidité – qui nuisent directement ou indirectement à la Terre. Ainsi, prendre le temps de réfléchir aux forces de la société, aux aspects qui permettent à chacun de donner le meilleur de lui-même, même à travers une tâche simple comme la peinture, peut contribuer à notre retour commun à l’harmonie.

 


Jocelyn Joe-Strack est une scientifique des Premières nations Champagne et Aishihik. Elle est boursière de 2012 du Programme de la Bourse nordique Jane Glassco.

Au cours du mois de février 2019, elle a entamé une tournée de conférences dans les ambassades canadiennes en Europe afin de partager son point de vue autochtone sur le changement climatique avec des diplomates de haut rang, des universitaires, des jeunes et le public. On peut la suivre dans ses voyages sur Twitter @GlasscoFellows ou @jocelynjs ou en s’abonnant à l’infolettre de la Gordon Foundation pour obtenir des mises à jour.

Blogue 1: Une invitation en Europe

Blogue 2: Le sentiment d’être complète

Blogue 3: Prendre le temps de réfléchir

Blogue 4: Réflexions sur Picasso

Blogue 5: Réconciliation autochtone

Blogue 6: Science, rennes et connaissance

Blogue 7: Jeunesse, sagesse et inspiration

Blogue 8: Retour à la maison